Fermetures d’écoles élémentaires ou comment déshabiller St Paul pour habiller St Pierre
Depuis quelques temps les écoles primaires de Châteauroux bruissent de rumeurs. La cause de cette effervescence ? Une nouvelle carte scolaire serait à l'étude pour la rentrée prochaine, et avec elle, des fermetures d'écoles sont programmées.
Officiellement la mesure serait devenue inévitable pour la municipalité de Châteauroux qui se verrait, sous l'effet conjugué de la baisse démographique et des contingences budgétaires, contrainte de rationaliser le nombre des écoles primaires – entendez d'en supprimer certaines !
Quatre écoles primaires du centre ville se trouveraient ainsi tout particulièrement sur la sellette. Une réflexion a, en effet, été initiée par Monsieur le Maire s'agissant du devenir des écoles St Martial, Les Capucins, Françoise Katz et Le Colombier. Dans ce cadre, Arnaud Clément, en sa qualité d'adjoint au maire chargé des affaires scolaires a reçu un mandat très claire : trouver les arguments qui permettront de justifier aux yeux des castelroussins ces mesures de fermeture comme inspirées par le bon sens. Aussi, entend-on dire, aujourd'hui, du côté des services municipaux à l'enfance que le maintien d'écoles à seulement 2 classes (comme c'est, par exemple, le cas au Colombier) relève d'un total non-sens voire d'un gabegie insupportable pour les finances municipales. En d'autres termes, la ville de Châteauroux n'aurait tout simplement plus les moyens de conserver des écoles en sous-effectif chronique.
Il est vrai que depuis 2001, Châteauroux a perdu quelques 2.000 habitants (source Insee). Une chute démographique sans précédent qui immanquablement produit aujourd'hui ses conséquences néfastes sur les effectifs scolarisables dans les écoles de la ville. A effectifs moindres, de moindres moyens seront donc consacrés à l'accueil des jeunes castelroussins nous explique t'on. Dès lors, quoi de normal que de fermer des écoles élémentaires !
Sauf qu'à bien considérer la situation, le raisonnement défendu par la majorité municipale s'avère, au final, particulièrement fallacieux voire sous-tendu par des intentions bien peu avouables. Car si de fait, l'école le Colombier n'abrite plus aujourd'hui que 2 classes, c'est certainement moins la conséquence d'une baisse des effectifs que le résultat d'une politique délibérée qui aura conduit les services municipaux a refuser systématiquement, dans cette école, la scolarisation des enfants de 2 ans (pour mémoire on rappellera que la scolarisation des enfants de moins de 3 ans est, en effet, facultative pour les communes, et donc laissée à la totale discrétion du Maire).
C'est ce même refus de prise en charge, qui aura déjà incité nombre de parents à se détourner de l'enseignement public pour lui préférer l'enseignement privée ; l'école privée Saint Pierre acceptant en effet, quant à elle, de scolariser tous les enfants de moins de 3 ans.
On l'aura compris, le bassin de recrutement de l'école Le Colombier et du groupe scolaire privé étant identique (les 2 structures relevant, en effet, du même quartier), grande est alors la tentation pour l'actuelle municipalité de déshabiller Saint Paul pour habiller Saint Pierre.
Si en fermant en juin prochain le Colombier, on peut garantir à Saint Pierre de faire le plein d'élèves à la rentrée de septembre, pourquoi se gêner ?!!
(Des familles déterminées à défendre l'école Le Colombier)
En ces temps, où l'enseignement public voit, chaque jour, ses moyens et ses missions remis en cause, la droite locale aura très certainement jugé opportun de fragiliser encore un peu plus l'institution, et ce, au plus grand profit d'un secteur privé, que tout le monde sait, tellement plus performant et respectable.