A Châteauroux, l’aide sociale passe par la stigmatisation.

(A Châteauroux, l'aide au permis passe par le travail d'intérêt général)

 

                 Quand à Châteauroux, on a 18 ans, un bac professionnel en poche mais hélas par le permis de conduire, trouver un premier emploi peut rapidement devenir mission impossible.

Le permis de conduire, c'est bien souvent le sésame indispensable pour accéder au marché du travail. Le problème, c'est qu'aujourd'hui il faut disposer en moyenne de 1.250 euros pour se voir délivrer le petit papier rose. Pour beaucoup, un tel investissement ne constituera pas un obstacle, mais pour d'autres, les moins favorisés, réunir une telle somme pourra réellement se révéler problématique. Bref, c'est la quadrature du cercle, pas de permis, pas d'emploi, pas d'emploi, pas d'insertion possible …

 

Conscient de cette difficulté, la mairie de Châteauroux a décidé de venir en aide à ces jeunes publics démunis. Ainsi, depuis la rentrée de septembre, la municipalité a décidé d'accorder, sous condition de ressources, une aide financière de 600 euros afin de faciliter l'accès au permis de conduire aux jeunes castelroussins.

Heureuse et généreuse initiative ?

On serait tenter de dire que oui, dans la mesure où une telle aide constitue une véritable opportunité pour ces jeunes d'inscrire, enfin, sur leur curriculum vitae, la mention «  Permis B ». Hélas, à bien considérer le dispositif, on émettra vite des réserves, notamment face au caractère stigmatisant d'une aide qui prévoit qu'en contrepartie les bénéficiaires s'engagent à accomplir des travaux d'intérêt général ! L'aide financière accordée par la Mairie de Châteauroux ne l'est pas, en effet, à titre gracieux ; au contraire elle est conditionnée à la réalisation de 50 heures de travail dit d'intérêt collectif !

 

Le concept est nouveau à Châteauroux et s'inspire d'une sorte de « donnant-donnant » transposé au domaine de l'aide sociale aux plus démunis. Selon cette philosophie, les plus pauvres d'entre nous continueront donc à bénéficier des bienfaits de la solidarité nationale mais en contrepartie, ils devront se montrer « corvéables ».  Le « pauvre » contracte donc en quelque sorte une dette envers la société dont il doit ensuite se libérer … On est bien loin de l'éthique sociale qui avait triomphé en France avec l'Etat providence et qui faisait de l'aide sociale une mesure réparatrice face aux iniquités d'un système de redistribution imparfait.

 

Faut-il, cependant, s'inquiéter d'une telle évolution ? Pour le moment, il ne s'agit que d'une mesure spécifique au champ d'action très limité dans la mesure où elle n'est applicable qu'à la seule ville de Châteauroux. Toutefois, on peut craindre que ce type d'initiative ne fasse jurisprudence et ne se généralise à d'autres dispositifs. Qui sait, peut-être que demain à Châteauroux (mais aussi ailleurs), on conditionnera l'octroi des bourses scolaires à l'accomplissement par les parents de travaux d'intérêt général ou encore peut-être que l'on demandera aux parents d'enfants handicapés bénéficiant de l'allocation du même nom d'aller consacrer leur samedi ou leur dimanche à des travaux collectifs !

(Auto-école, partenaire du dispositif "aide au permis" mis en place par la Mairie)

 

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14/09/2009
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