Du bon usage des aides publiques dans l'Indre !

       

           (Dans l'Indre, on sait se montrer généreux avec les entreprises ...)

 

 

Pour le Medef et notamment sa porte parole, Laurence Parisot, il n'y a rien d'anormal à ce que les impôts des français contribuent à garantir la bonne santé économique et la solidité financière des entreprises de l'hexagone.

Autrement dit, pour l'organisation patronale, la pratique des subventions et autres aides allouées aux entreprises (et accessoirement financées par nos impôts), est tout aussi légitime qu'indispensable.

Comment, en effet, l'Etat ou les collectivités locales pourraient-ils se désintéresser de la vitalité du tissu économique national ?

Comment, alors même que ces entreprises sont pourvoyeuses d'activité et d'emplois, les élus de la République pourraient se montrer indifférents à l'égard de ces précieux acteurs économiques ?

Ainsi légitimées, les aides en faveur des entreprises ont représentées quelques 60 milliards d'euros en 2007 (cf. Ministère de l'Economie et des Finances). Parfois sous forme d'exonérations de charges (cotisations sociales, exonérations fiscales), d'autre fois, directement sous forme d'aides en capital.

Soixante milliards d'euros, c'est précisément le montant de la contribution collectée auprès des entreprises résidantes sur le territoire national au titre de l'impôt sur les sociétés (I.S). En d'autres termes, l'opération est blanche pour les entreprises, l'Etat leur rendant d'une main ce qu'il leur a pris de l'autre !

Autre élément de comparaison, 60 milliards d'euros c'est exactement le montant du déficit public de la France ; voilà qui vient au passage nettement relativiser la gravité de l'endettement public.

Mais l'effort ainsi consenti par la France en faveur de ces entreprises n'est-il pas excessif ? L'emploi de telles sommes est-il bien justifié au regard des   objectifs poursuivis  ?

 

 

Les opinions ne manqueront pas de diverger mais là où les avis convergeront plus sûrement, c'est lorsqu'il s'agira de dénoncer les pratiques de certains chefs d'entreprise, au demeurant peu scrupuleux, et pour qui l'obtention d'une subvention publique sera plus souvent l'occasion d'accroître la profitabilité de leur  affaire plutôt que de concourir à la noble cause de l'emploi.

Et à Châteauroux, ce genre de comportement n'est, hélas, pas si rare. Ainsi, encore dernièrement deux entreprises locales ont été prises les doigts dans la confiture.

 

                   

  (Les établissements Lavox ont bénéficié de 500.000 euros d'aide en 2008 !) 

 

 

A commencer par les établissements Lavox, une belle entreprise familiale de blanchisserie industrielle au chiffre d'affaire de 3,2 millions d'euros et au bénéfice net de 300.000 euros (données 2007). Une entreprise qui de l'aveu même de son directeur, connaît depuis une quinzaine d'années une croissance à 2 chiffres de son activité. Désireuse donc de poursuivre son expansion, l'entreprise Lavox a alors ressentie le besoin de s'agrandir. Un déménagement sur le site de Grandéols fut donc décidé. Mais pour réaliser cette opération, de nouveaux locaux et le renouvellement de la totalité du parc machines étaient indispensables. Coût du projet d'extension : 5 millions d'euros. Un investissement rédhibitoire pour Lavox ? Nullement ! Bien qu'à la tête d'une entreprise déjà très rentable (puisque fleurtant avec une croissance de 10% l'année), le directeur de Lavox n'a pas hésité un instant à aller frapper à la porte des financeurs publics, département de l'Indre et Communauté d'Agglomération Castelroussine en tête.

Résultat de la collecte, une manne de 500.000 euros (10% du coût total de l'opération) octroyée à l'entreprise sous forme d'aide à l'investissement.

Voilà comment avec un peu d'esprit pratique, un chef d'entreprise parvient à faire contribuer la collectivité à la prospérité de sa société alors même – mais est-il besoin de le préciser – que les profits futures iront, quant à eux, directement dans la poche de l'intéressé.

Ainsi dans l'Indre, collectiviser l'effort d'investissement n'empêche pas ensuite de privatiser les bénéfices, bien au contraire ... 

 

                      (Une entreprise parmi les plus-rentables de l'Indre)

 

 

Mais l'entreprise Lavox n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. La société Armatis implantée à Châteauroux depuis peu a également vite compris l'intérêt qu'il y avait à faire participer les budgets publics aux investissements d'une entreprise pourtant en mesure d'assurer son propre développement. C'est ainsi que cette entreprise de 600 salariés, au chiffre d'affaire de 75 millions d'euros en 2007 (+ 43% de croissance en 2007 !!!), a décidé afin de conforter un peu plus ses marges bénéficiaires, d'augmenter encore les capacités de son call-centre castelroussin. Bien que déjà ultra rentable et donc largement capable d'autofinancement, la société Armatis s'est néanmoins vu accorder, en 2008, une subvention de 75.000 euros de la part du généreux conseil général de l'Indre.

 

                           (Le site Colbert, siège d'Armatis Châteauroux)

 

Bref, à Châteauroux et dans l'Indre, c'est sans discrimination que l'on aide les entreprises, avec toutefois une petite préférence pour les sociétés bien portantes à la prospérité déjà bien établie. Parce que lorsqu'on est élu maire de Châteauroux ou président du Conseil Général, aider des petites entreprises à la rentabilité fragile et à la croissance incertaine cela ne s'est jamais vraiment révélé payant.

 

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18/10/2009
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