Chronique d’une mort annoncée pour le petit commerce

                 

              (Encore un commerce fermé en centre-ville à Châteauroux !)

 

 

        L'ampleur du phénomène est tel, que je pense qu'il n'aura échappé à personne. Le petit commerce du centre-ville de Châteauroux se meurt inexorablement. La liste des enseignes quittant notre centre urbain ne fait que s'allonger un peu plus, chaque jour. Les baux commerciaux et autres pas-de-porte ne trouvent plus preneur et les tentatives de redynamisation commerciale de notre centre-ville semblent toutes vouées à l'échec. Encore dernièrement (le 6 août pour être précis), nous apprenions la fermeture soudaine du U Express de la rue Victor Hugo, et ce, quelques mois seulement après son ouverture.

Ici et là, quelques audacieux tentent leur chance et ouvrent boutique, hélas l'aventure est souvent de courte durée et c'est la valse des enseignes qui recommencent. Ce turn-over important ne parvient toutefois pas à dissimuler le fait que c'est toute l'activité commerciale du centre qui globalement périclite lentement. Pour s'en convaincre, il vous suffira d'arrêter vos pas place Monestier (plus connue sous le nom de place des halls), le spectacle est carrément funeste. Sur un panorama de 360°, tous les fonds ou presque sont à vendre ou à louer. Et dire qu'il y a encore une décennie de cela, cette place était l'un des lieux les plus animés et les plus commerçants de Châteauroux. D'aucuns, nous diront avec un certain fatalisme, que l'on n'y peut rien, que c'est l'évolution naturelle des choses et que personne ne peut s'y opposer.

 

        Sauf que moi, petit commerçant indépendant du centre-ville, je fais une toute autre analyse de la situation. Selon moi, la fatalité est bien la dernière des causes à devoir être invoqué dans ce lent processus d'agonie de nos petits commerces.

Car il me semble qu'un certain nombre de décisions, notamment politiques, ont largement présidé à ce triste scénario. Car comment s'étonner, lorsque nos élus ont tout entrepris pour accélérer le développement des zones commerciales en périphérie de Châteauroux (Cap Sud, le Forum et maintenant Grandéols), que le centre-ville perde peu à peu toute attractivité.

C'est, en effet, tout le centre de gravité commercial de Châteauroux qui a été lentement mais sûrement déplacé vers la périphérie de notre ville. Certes, je peux très bien comprendre que les castelroussins soient demandeurs d'une offre commerciale renouvelée avec notamment des espaces commerciaux plus modernes, mais selon moi, la coexistence des deux est tout à fait possible, voir même souhaitable. Toutes les villes françaises ont connu ce genre d'évolution mais toutes celles qui ont bénéficié d'une gestion avisée ont su préserver leur petit commerce tout en permettant à la grande distribution d'occuper toute sa place.

Ces deux formes de commerce n'ont donc rien d'antagonistes sauf à laisser l'un prospérer au point d'asphyxier l'autre.

 

                                 

 

           A mon sens, dans le cas de Châteauroux, deux erreurs majeures ont été commises par l'actuelle équipe municipale.

La première fut d'inciter de manière excessive les enseignes de la grande distribution à s'implanter à Châteauroux. Nous possédions déjà un Auchan et un Carrefour, avions-nous besoin de deux autres grandes surfaces (à Grandéols et bientôt à Cap Sud) ?

J'ai pu lire dans la presse spécialisée qu'avec ces deux nouvelles implantations, Châteauroux allait rejoindre le palmarès des villes françaises où la densité commerciale y était la plus forte. Il y aurait dans l'agglomération 25% de surface commerciale en plus que dans le reste de l'hexagone. Châteauroux est même connu par les professionnels comme une ville souffrant d'une « saturation de ces circuits de distribution ».

 

            La seconde erreur aura consistée, d'après moi, à ne pas instruire avec une plus grande sélectivité les demandes d'implantations commerciales. En l'espèce, il aurait fallu restreindre la création de galeries commerciales contiguës aux grandes surfaces. De la sorte, la grande distribution aurait continué à ne proposer à sa clientèle que des articles standardisés correspondant à une consommation courante, tandis que les articles à diffusion plus restreinte auraient continué à être l'exclusivité du commerce de centre-ville.

Au lieu de cela, la commission départementale d'équipement commercial, où siège les élus municipaux, à acquiescer à toutes les demandes ; même à celles qui aujourd'hui causent un grand tort à notre petit commerce. A ce propos, je me rappelle des propos tenus par Monsieur Rambert, adjoint au maire chargé de l'urbanisme commerciale : «  On a tellement eu de mal à faire venir la grande distribution à Châteauroux, que maintenant qu'elle veut enfin s'y implanter on ne va pas émettre de restrictions ! ». Voilà comment par une série de décisions politiques regrettables, on cause la perte de tout un secteur d'activité et on désertifie un centre-ville.

 

          Aussi, autant vous dire que quand j'entends Monsieur le Maire, nous promettre la revitalisation du centre-ville grâce notamment à une politique de grands travaux rue de l'Echo et rue Victor Hugo, je souris poliment et n'en pense pas moins ... 

 

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02/09/2009
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