Mead et Châteauroux : vers une désindustrialisation accélérée ...

"La fermeture de Mead est un véritable gâchis que je mets sur le compte des syndicats qui ne connaissent que l'épreuve de force !"


                                                                                  (lu dans la NR du 17 décembre 2009)

 

Si Châteauroux devait être une entreprise en difficulté soyons sûrs que Monsieur Mayet en serait le très zélé liquidateur judiciaire. C'est ce que beaucoup de Castelroussins se seront dits en entendant la réaction de leur Maire à l'annonce, le 17 décembre dernier, de la disparition de Mead Emballage, une entreprise castelroussine de premier plan, forte de 162 salariés.

Après donc Eurostyle, Spatz ou encore la Parquetterie berrichonne, c'est la litanie des plans sociaux qui reprend. Mi-2010, Mead Emballage cessera donc son activité sur le site castelroussin tandis que le groupe poursuivra l'exploitation de ses 10 usines en Europe et en France.

Encore une fois le pack actionnaire est donc parvenu a imposé sa logique : alors que l'unité castelroussine demeurait bénéficiaire de plusieurs millions d'euros en 2008, « Mead Châteauroux » est, hélas, le centre de production qui détient la profitabilité la moins élevée du groupe, d'où son sacrifice.

 

Mais la fermeture de Mead emballage ne fait que refléter le contexte économique extrêmement dégradé dans lequel Châteauroux s'enfonce chaque jour un peu plus. Un contexte qui n'empêche pas néanmoins, Monsieur Mayet de nous annoncer pour 2012 - avec l'inauguration d'une nouvelle zone d'activité à Ozans - un véritable déferlement d'entreprises nouvelles, pourvoyeuses de milliers d'emplois pour l'Indre et les berrichons. Plus réaliste, nombre de castelroussins préféreraient que l'on œuvre déjà plus modestement à la pérennisation, ou à tout le moins au maintien, des activités existantes.

 

Car comment ne pas réagir au décalage complet entre le discours volontariste d'un Maire qui n'a de cesse de nous annoncer meilleure fortune pour demain et la réalité quotidienne qui n'est autre qu'une économie locale qui périclite, une démographie qui plonge et une population qui peu à peu se paupérise.

 A l'allure où notre ville est frappée par les plans sociaux, Châteauroux sera d'ici 2012, plus sûrement promue au rang de nécropole d'entreprises bien plus qu'à celui de pépinière.

 

        MeadWestavaco, une entreprise détenue par des capitaux américains 

  

 

Mais qu'à cela ne tienne, notre « business angel » de Maire nous l'assure, grâce à la nouvelle zone d'Ozans -  dans laquelle la CAC s'apprête à investir 100 millions d'euros – l'agglomération castelroussine va devenir un véritable eldorado pour les demandeurs d'emplois (5.000 emplois y sont attendus !!!)

Aucun doute ne semble habité Monsieur Mayet, le miracle économique berrichon va se produire, à charge pour nous de faire preuve de patience.

 

            En attendant le miracle économique

               berrichon ...

 

Rien n'est à craindre donc car Monsieur Mayet a pensé à tout. Fort prévoyant, il a même déjà trouvé - si par extraordinaire le miracle économique tant attendu ne se produisait pas - les futures coupables de ce possible échec.

Attention donc !!! Monsieur Mayet tient déjà les coupables … Et oui, car à l'Hôtel de ville, on a déjà clairement identifié les organisations syndicales comme les principales responsables de ces fermetures d'entreprises à répétition. Tous nos malheurs actuels et futurs, nous les devons donc à quelques dangereux syndicalistes qui, à force de lutter pour le maintien du pouvoir d'achat et des acquis sociaux des salariés, ne font que dégrader la compétitivité de nos entreprises locales, alors acculées à la fermeture.

 

Voilà un discours déculpabilisant à souhait, qui permettra à notre Sénateur-Maire, une fois encore, de fuir ses responsabilités et de rejeter sur autrui les erreurs qui sont les siennes.

Car à l'ombre d'un libéralisme pur et dur, Monsieur Mayet pense que les entreprises " (...) naissent, vivent et meurent !" . Un cycle naturel inexorable face auquel, rien, ni personne, ne peut - ni ne doit - lutter.

Voilà donc pourquoi, Monsieur Mayet n'est effectivement responsable de rien. Car, de fait, en 8 ans de mandats, il ne s'est jamais entremis une seule fois pour essayer de sauver une entreprise en difficulté (contrairement à nombre de ses collègues, qui, maires de petites et de grandes villes, mouillent leur chemise pour sauvegarder l'emploi sur leur commune).

Pendant ce temps notre ville s'approche inexorablement de la case non-retour, Châteauroux prenant de plus en plus les apparences de ses voisines creusoises et bourbonnaises - pour ceux qui connaissent Guéret ou Montluçon.

 

 

                     

                    L'usine Mead de Châteauroux bientôt désaffectée ...

 

 

Mais revenons un peu à Mead et à la formule lapidaire de notre maire : « "La fermeture de Mead est un véritable gâchis que je mets sur le compte des syndicats qui ne connaissent que l'épreuve de force !" ». Monsieur Mayet, nous avait déjà habitué à ce type de déclarations fracassantes et populistes mais jamais, de mémoire de berrichons, elles ne furent aussi mensongères.

 

Car lors du plan de sauvetage initial de Mead - validé en décembre 2008 par les organisations syndicales et la direction du groupe - les concessions  faites par les salariés pour pérenniser le site castelroussin furent nombreuses et, à bien des égards, extrêmement courageuses. A commencer par la charge de travail puisque les salariés acceptèrent de travailler 39 h payées 35 h ; ensuite au niveau des salaires, les employés de Mead portèrent le sacrifice jusqu'à accepter une diminution de 15% de leur paye ! A cela s'ajouta, enfin, le licenciement de 104 de leurs collègues.

Monsieur Mayet aurait-il accepté à titre personnel de telles régressions, lui qui cumule les plantureux bénéfices générés par ses concessions automobiles, avec les 8.000 euros nets  mensuels que lui procurent ses mandats de Maire et de Sénateur (hors avantage en nature) ?

 

Au moins saluons là la constance de notre maire dans l'expression de sa haine pour les organisations représentatives des salariés.

 

Car n'est-ce pas Monsieur Mayet qui après avoir été débouté en appel s'obstine aujourd'hui en cassation pour obtenir des syndicats castelroussins le paiement indû d'une somme de 400.000 euros - véritable exaction de fonds selon les considérants rendus par  la cour d'appel de Bourges.

N'est ce pas, non plus, Monsieur Mayet lui-même qui en pleine campagne municipale se sera adressé aux syndicats, non par le verbe mais par le geste. Un geste qui le rendra célèbre tant il est rare de voir le maire d'une ville de 50.000 habitants s'adresser à ses administrés, le majeur dressé vers le ciel !!!

Le doigt du déshonneur en quelque sorte ou plutôt la marque d'un homme qui on ne sait ni pourquoi, ni comment, est un jour devenu Maire de Châteauroux.

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04/01/2010
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